La Maison Carrée

Bien qu’elle soit de forme rectangulaire, la Maison Carrée porte ce nom depuis le XVIe siècle. A cette époque un rectangle était désigné sous le nom de carré long. C’est la raison pour laquelle ce temple romain vieux de plus de 2000 ans est toujours désigné de cette façon.

La Maison Carrée est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Un temple en mémoire des princes de la jeunesse


 

La Maison Carrée constitue sans doute le temple romain le mieux conservé au monde. Erigé, dans les premières années du Ier siècle, cet édifice est dédié au culte de la famille impériale. Inspirée par les temples d’Apollon et de Mars Ultor à Rome, la Maison Carrée impressionne par l’harmonie de ses proportions et la majesté qui se dégage de ce monument exceptionnel. A l’époque romaine, il est situé au sud du forum, un vaste espace public qui constitue le cœur de la cité. Sur toute la partie sud du forum est aménagée une plateforme surélevée par rapport au niveau de la place, dont quelques éléments sont encore visibles de part et d’autre de l’escalier du temple. Sur la plateforme, un grand autel de pierre, aujourd’hui disparu, servait aux cérémonies du culte. Contrairement aux églises chrétiennes, le temple étant réservé à la divinité, aux prêtres et aux initiés, le culte était alors rendu devant la demeure du dieu.

 

L’édifice


 

Comme tous les temples romains, l’édifice repose sur un podium. Haut de 2,65 mètres, il met le temple en valeur, au-dessus de l’animation de la place publique. Les pierres, utilisées proviennent de plusieurs carrières situées aux environs de la ville. Celles du podium et de l’escalier sont de Barutel, celles des colonnes, des murs et de l’entablement du monument viennent du bois des Lens. Ce calcaire blanc très dense, d’une qualité proche du marbre, permet de réaliser des sculptures d’une grande finesse. L’intérieur du temple ne compte qu’une seule pièce, la cella, précédée d’un pronaos. La toiture du pronaos est soutenue par 10 colonnes dont 6 en façade. Les 20 colonnes suivantes sont engagées dans les murs de la cella. Hautes de 9 mètres, ces 30 colonnes d’ordre corinthien sont couronnées par des chapiteaux ornés d’une double rangée de feuilles d’acanthes. Au-dessus des chapiteaux, l’entablement est orné d’une frise de rinceaux directement inspiré de modèles réalisés à Rome à la même époque. Comme les autres toits de la ville romaine, la Maison Carrée est couverte de tuiles alternativement plates et cintrées, les tegulae et les imbreces.

PARTIR DU BON PIED

Le chiffre de quinze marches pour l’escalier n’est pas le fruit du hasard et rappelle le caractère très ritualiste de la religion romaine. Il permet aux prêtres du culte de poser le pied droit sur la première marche et d’arriver avec le même pied en haut de l’escalier. Cette disposition évite ainsi de commencer (ou de terminer) la montée (ou la descente) par le pied gauche (sinister), qui est de mauvais augure.

Plus d’informations pour les jeunes dans le livret à télécharger ici

UN MANIFESTE DE FIDÉLITÉ À LA FAMILLE IMPÉRIALE

La Maison Carrée a été dédiée aux petits-fils et fils adoptifs de l’empereur Auguste, les enfants de sa fille Julie, et de son gendre Agrippa. Ce dernier est aussi gouverneur (proconsul) de Narbonnaise en 20 av. J.-C. et il devient sans doute à cette époque le patron et protecteur de Nîmes.
Le fait que les deux fils d’Agrippa soient désignés comme les successeurs d’Auguste est de bon augure pour Nîmes qui aurait alors une place de choix dans l’Empire. Mais l’histoire en a décidé autrement.
En l’an 2, Lucius, le plus jeune de ces deux princes meurt à Marseille. En l’an 4, Caius meurt à son tour à vingt-trois ans. L’annonce de la mort des petits-fils d’Auguste a profondément touché les Nîmois.
En signe de leur attachement, ils dédicacent le temple du forum aux princes de la jeunesse. Ils fixent alors sur l’entablement nord du temple une inscription en belles lettres de bronze doré.

C. CAESARI. AVGVSTI. F. COS. L. CAESARI. COS. DESIGNATO

PRINCIPIBUS IVVENTVTIS

À Caius César, fils d’Auguste, consul (et) à Lucius César fils d’Auguste, consul désigné

Princes de la jeunesse

LE CULTE IMPÉRIAL, CIMENT D’UN EMPIRE MOSAÏQUE

Au-delà de sa beauté classique, la Maison Carrée a une fonction publique et religieuse dès l’époque de sa construction. Cet édifice est l’un des rares temples romains qui nous soient parvenus dans un aussi bon état de conservation. Ce joyau d’équilibre témoigne de l’importance du culte impérial au sein de la nouvelle société qui se met en place. Ce culte dynastique est un élément fédérateur entre les centaines de cités qui constituent une immense mosaïque de peuples et de cultures.

LES PRÊTRES ET LA PRÊTRESSE DU CULTE IMPÉRIAL

Le culte impérial revêt la forme de cérémonies officielles très ritualisées. Les prêtres qui officient dans ce cadre sont des notables désignés par la cité. Ils sont tenus d’organiser des fêtes accompagnées de grands banquets et de combats de gladiateurs offerts sur leurs propres deniers. Le grand prêtre (flamine) est responsable de ce culte. Un collège de six Augustales ou « sevirs augustaux » prend également part au culte impérial. Choisis parmi les plus riches affranchis de la cité, ces descendants d’esclaves bénéficient ainsi d’une ascension sociale. Le culte des impératrices (Augustae) est également assuré par une grande prêtresse (flaminique). Même si elle est purement honorifique, c’est la seule fonction officielle réservée à une femme dans une cité romaine.